Oscillant entre grandes droites épurées
et détours de pavés, elle a sa géométrie variable, plutôt
agréable à l'œil.
Adoptant sans sourciller la météo
bretonne qu'elle affectionne, dans ses plus belles excentricités.
Passant du froid au chaud par des épisodes humides, un peu plus
brefs qu'en Finistère.
Accueillant en son sein tous les âges
et métiers avec son habitat hétéroclite, conjugué par tous les
ères et standards.
Apaisante, car traversée de part en
part d'une eau à la présence rassurante, elle respire, ainsi, à
son propre rythme.
Trépidante tôt le matin, elle sait se
détendre l'après-midi, avant de se dépenser sans compter, lors de
nuits arrosées et chantées.
Sa semaine pourrait être une valse à
trois temps:
Les trois premiers jours seront
studieux, sérieux, constitués de tâches, labeurs multiples.
Les trois suivants conjugueront
festoyer, cultiver et danser à tous les temps, au pluriel et parfois
même dans plusieurs langues!
Enfin le dernier jour, celui du
seigneur pour les uns, sera pour d'autres celui d'une balade, d'un
brunch, ou d'un repos mérité à l'écoute des silences, d'une
circulation enfin absente.
Monnayant les trajets de différentes
factures, des bancs de la faculté, des bars et restaurants aux
saveurs chamarrées.
Invitant à tant de découvertes
monumentales ou minimales, elle vous laisse souvent le choix.
Montant à bord de nombreux véhicules
mais surtout pédestrement, elle se laisse facilement emprunter.
Marquant bien au-delà des rues, murs
et échoppes, des multiples divagations et pérégrinations, l'esprit
du visiteur...
Expérimentant la grande palette des
sentiments et ressentis au fil des moments et instants offerts.
Celle que je quitte, ici, m'a été
fidèle, dix années durant.
Elle m'a accueilli comme personne, et
m'a supporté sans mot dire.
Elle m'a fait connaître bien des
choses, tant d'ailleurs, qu'un résumé hasardeux aurait un goût de
trop peu.
Tantôt loin, tantôt proche de mon
port d'attache finistérien, selon les humeurs, elle n'a jamais
bronché, ni même bougé le petit pavé.
Peu à peu passant d'étrangère à
familière, elle s'est laissée adopter, ne m'imposant presque rien.
Grâce à elle, j'ai pu croiser,
rencontrer, embrasser des personnages et surtout de belles personnes
de divers horizons.
Merci à celles et ceux qui m'ont
accompagné, aidé durant ces dix riches et belles années, au cœur
ou en dehors de cette ville singulière.
Merci également à celles et ceux qui
ont permis cette expérience de vie possible, et qui ont aussi à
leur manière, tourné les pages rennaises, à mes côtés.
Reprendre la route après une telle
aventure, une telle étape, n'est pas chose aisée... Mais n'est ce
pas là, le piment de la vie?
Il me tarde déjà d'ouvrir la
prochaine page qui sera à écrire au pluriel, avec celle que j'aime.